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Bonjour à toutes et à tous,



Je suis née en Jigjiga (en Ethiopie)  et je suis arrivée dans un camp de réfugiés à Djibouti à l’âge de 6 ans avec mes parents où j’ai habité jusqu’à mes 19 ans. J’ai longtemps voulu faire quelque chose pour les filles et les femmes de mon pays ayant subi des mutilations génitales.


Les femmes déshéritées qui vivent dans les rues des villes de la Corne de l’Afrique vivent au quotidien les séquelles de l’excision : une pratique traditionnelle inhumaine qui entraine l’ablation des organes génitaux féminins.



Il y a quelques mois, un événement m’a poussé à concrétiser ce projet en créant l’association Chaariot.


En mai dernier, ma petite sœur Hibo âgée de 15 ans, désespérée et ne sachant pas vers qui se tourner, m’a appelée à l’aide depuis Djibouti. Elle souffrait terriblement des séquelles de l’excision qu’elle avait subie et qui avait provoqué une grave infection, mais n’osait pas en parler autour d’elle. Moi qui l’écoutais à l’autre bout du fil, à 5000 km d’elle, je me suis sentie impuissante…


Comment pouvais-je l’aider ? Trouver depuis Nice un médecin à Djibouti qui accepterait de l’opérer gratuitement, et de façon discrète, était impossible. Par des recherches sur Internet, j’ai découvert le site d’un chirurgien français à l’origine d’une méthode chirurgicale réparant les dommages causés par l’excision.


Quelques jours plus tard, je me retrouvais à Paris, dans son cabinet médical, décidée à obtenir des informations susceptibles d’aider Hibo.


Pourtant, quand il me questionna sur la raison de ma visite, je restai d’abord sans voix. Je ne savais si j’étais là pour lui parler de ma petite sœur, ou de moi. Moi qui souffrais, tout comme elle, des séquelles physiques et psychologiques causées par cette pratique cruelle, exercée à l’encontre des fillettes de notre pays. Face au médecin, je pris conscience que je n’avais pas moi-même guérie de ce traumatisme qui remontait soudain à la surface. Je pris la décision de me faire opérer et de bénéficier de cette chance qui m’était offerte, chance qui me questionne encore : pourquoi moi et pas elles ? Pourquoi ai-je eu cette chance quand tant de femmes meurtries, dont ma propre sœur, errent encore dans les rues de la Corne d’Afrique ?


De retour chez moi après l’opération, je ne parvins pas à m’endormir. Je ne cessais de penser à cela, comprenant le rôle que j’avais à jouer maintenant. De là est née l’idée de créer l’association Chaariot pour venir en aide à ces femmes déshéritées et privées de tout : une équipe de bénévoles qui trouveraient des moyens pour leur offrir une consultation gynécologique. Une association qui chercherait à sensibiliser le public, et surtout les gynécologues en France et sur place afin qu’il s’engagent à leur offrir une visite médicale…


Heureusement, beaucoup d’organismes existent déjà pour combattre et dénoncer cette pratique inhumaine qu’est l’excision. Mais peu d’entre elles s’occupent des femmes qui en sont déjà victimes. Aujourd’hui, je ne peux que répondre à l’appel et aider ces femmes des rues auprès de qui j’ai grandi, avec qui j’ai partagé joies et souffrances. Si vous vous sentez concernés par cet appel ou si vous êtes touchés par le projet de Chaariot, vous pouvez nous soutenir de plusieurs façons : en faisant connaître le projet sur vos réseaux sociaux, en rejoignant l’association bénévolement, en nous aidant à rencontrer les équipes médicales et les médecins qui pourraient être intéressés par le projet.



Ismahan Marion

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